Archives personnelles de Pablo Picasso. Djamila Boupacha, née le 9 février 1938 à Bologhine (anc. Saint-Eugène), est une militante du Front de libération nationale algérien arrêtée en 1960 pour une tentative d'attentat à Alger.
Mort aujourd’hui de Gisèle Halimi avocate acharnée de la cause des femmes.
Sa première grande affaire a été celle de défendre Djamila Boupacha, une jeune militante violée et torturée à Alger par les paras du général Massu et destinée à "disparaître" sans laisser de traces. Comme Maurice Audin. Comme René Sintès, le peintre Hispano-berbère. Et tant d'autres.
Gisèle Halimi alertée par les affreuses conditions de détention de Djamila Boupacha réussit, grâce à sa ténacité et à son courage (les Ultras d’Alger voulaient sa peau), à obtenir son transfert dans une prison de la Métropole réputée plus sûre.
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Ce témoignage a été publié la première fois en 2015 et actualisé en 2018.
Pour Simone Veil
Pour Gisèle Halimi
On n'a rien dit pourtant de son engagement avec Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi pour faire sortir des geôles des paras du Général Massu la jeune Djamila Boupacha promise à une mort clandestine (comme celle de Maurice Audin, arrêté par ces mêmes paras, et dont on a jamais retrouvé le corps).
Lorsqu'elle est horriblement violentée en 1960, Djamile Boupacha a 22 ans. La détermination de Simone Veil, de Gisèle Halimi et de Simone de Beauvoir, alarmées par ce qu'elles apprennent de sources sures, est totale. Une course contre la montre s'engage alors entre ces trois femmes et l'Institution militaire qui a les pleins pouvoirs à Alger. Djamila peut disparaitre sans laisser de traces à n'importe quel moment.
La force d'âme de ces trois femmes - la philosophe, l'avocate, le femme politique rescapée des camps de la mort (elle ne peut pas ne pas penser à sa propre histoire lorsqu'elle pense à la jeune suppliciée d'Alger) - aura raison de la déraison militaire. Elles réussissent à obtenir le transfert de Djamila dans une prison de la Métropole puis sa libération une année plus tard à la signature des accords d'Evian.
Gisèle Halimi, prévenue de la détention extra judiciaire de la militante indépendantiste se rend à Alger. Elle parvient difficilement à la voir mais les autorités la contraignent à repartir en France. A Paris, avec l’appui de Simone de Beauvoir, un Comité de soutien à Djamila est constitué présidé par la compagne de Sartre. A la suite des révélations contenues dans l'article que Simone de Beauvoir publie dans Le Monde en juin 1960, un mouvement de protestation s’enclenche mené par des intellectuels français – de Jean Paul Sartre à François Mauriac, de Maurice Jeanson au Cardinal d’Alger, Monseigneur Duval. Cette mobilisation, outre qu’elle pose sur la place publique la question de la torture, permet de braquer les projecteurs sur le cas de Djamila, la protégeant ainsi du risque de "disparaitre" comme le fut Maurice Audin en 1958. On sait aujourd'hui qu'il a été étranglé par ses tortionnaires.
Françoise Giroud dans l’Express met la pression sur les autorités en informant ses lecteurs de la réalité des faits commis en Algérie. En même temps Simone Veil, rescapée de Ravensbrück, qui est à l’époque chargée des affaires pénitentiaires au ministère de la justice intervient auprès de son ministre de tutelle, Edmond Michelet, ancien Résistant. Bousculé par une partie de l'opinion publique, il consent à ce que Djamila Boupacha soit transférée dans une prison de la Métropole. Poussé par sa hiérarchie, le tribunal militaire d'Alger se dessaisit du dossier et le renvoie à Paris. Simone Veil, qui a connu la violence des camps nazis, parachève de la sorte l’action du Comité en mettant Djamila hors de portée des militaires de Massu. La jeune détenue est transférée d’abord à la prison de Fresnes en juillet 1960, puis dans celles de Pau et de Caen.
Djamila est graciée, sans avoir été jugée ni condamnée, par le Général de Gaulle à la veille du cessez-le-feu, le 19 mars 1962. Elle est libérée le 21 avril de la même année et bénéficie d’une ordonnance de non lieu le 7 mai.
Gisèle Halimi (à gauche) et Djamila Boupacha à sa sortie de la maison centrale de Rennes, le 22 avril 1962
Pour Djamila, film réalisé par Caroline Huppert avec
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Marina Hands : Gisèle Halimi
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Hafsia Herzi : Djamila Boupacha
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Dominique Reymond : Simone de Beauvoir
Pour Djamila, film de Caroline Huppert
Juin 1957 disparition à Alger de Maurice Audin - Assistant de mathématiques à la faculté d'Alger et membre du parti communiste algérien
Henri Alleg en 1958. Journaliste à Alger Républicain, il est le dernier à avoir vu Maurice Audin vivant