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Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Droits des femmes
Gisèle Halimi et les autres 1927-2020
1 - Hier, aujourd’hui
Gisèle Halimi inlassable avocate des droits des femmes, est morte le 27 juillet dernier.
On ne le sait pas assez mais sa première grande affaire, sa première grande action féministe, a été celle de défendre Djamila Boupacha, une jeune algérienne torturée à Alger par les paras du général Massu et condamnée à "disparaître" sans laisser de traces.
Gisèle Halimi engagée dès les années 50 auprès des indépendantistes algériens est alertée par la détention extrajudiciaire de la jeune femme. Elle réussit, grâce à sa ténacité et à son courage (les ultras d’Alger voulaient sa peau) mais aussi à des réseaux amis, à l’extraire de la zone de non droit où la tenaient les militaires et à obtenir son transfert (on dirait aujourd’hui exfiltration) dans une prison de la Métropole réputée plus sûre.
Rappeler aujourd'hui ce qu’a été Gisèle Halimi au temps des silences assassins c'est rendre hommage aussi à une féministe d’exception qui a transformé avec quelques compagnonnes le sort injuste fait aux femmes – de Djamila Boupacha qu’elle sauva d’une mort certaine en 1960 à la publication dans le Nouvel Obs du Manifeste des 343 au moment où s’ouvrait en 1972 le fameux procès de Bobigny jugeant une jeune mineure qui avait avorté après avoir été violée. Gisèle Halimi fit acquitter l’accusée, ouvrant ainsi la voie à la dépénalisation de l’avortement. C’est Simone Veil qui porta la loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse devant l’Assemblée Nationale. Elle fut votée en 1975.
Il est de plus en plus question que le Président Macron signe le décret permettant le transfert les cendres de Gisèle Halimi au Panthéon. Elle rejoindrait de la sorte, et ce ne serait que justice, Simone Veil, sa camarade de cœur et de combat.

2 - Trois femmes. L’avocate, la magistrate, la philosophe
On a beaucoup parlé hier, 1er juillet 2018, de la panthéonisation de Simone Veil. On a évoqué sa captivité dans le camp de Ravensbrück, son action auprès de Valéry Giscard d'Estaing et de Jacques Chirac pour l'égalité des droits, ceux des femmes malgré la forte opposition des députés de son camp. Tout cela est juste. Les femmes de ce pays vivent mieux leur corps depuis cette date et elles le doivent en grande partie à Simone Veil.
On n'a rien dit pourtant de son engagement avec Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi pour faire sortir des geôles des paras du Général Massu la jeune Djamila Boupacha promise à une mort clandestine (comme celles de Maurice Audin ou du peintre hispano berbère André Sintès, enlevé par l'OAS en juin 1962 et dont a jamais retrouvé le corps.)
Lorsqu'elle est torturée et violée en 1960, Djamila Boupacha a 22 ans. La détermination de Simone Veil, de Gisèle Halimi et de Simone de Beauvoir, alarmées par ce qu'elles apprennent de sources sures, est totale. Une course contre la montre s'engage alors entre ces trois femmes et l'Institution militaire qui a les pleins pouvoirs à Alger. Djamila peut disparaitre sans laisser de traces à n'importe quel moment.
La force d'âme de ces trois femmes - l'avocate, la philosophe, la femme magistrate rescapée des camps de la mort (elle ne peut pas ne pas penser à sa propre histoire lorsqu'elle pense à la jeune suppliciée d'Alger) - aura raison de la déraison militaire. Elles réussissent à obtenir le transfert de Djamila dans une prison de la Métropole puis sa libération une année plus
tard.

3 - Une histoire de femmes
La militante algérienne Djamila Boupacha a 22 ans quand elle est arrêtée en février 1960 à Alger par les paras du général Massu. Elle est accusée d'avoir posé une bombe qui n'a jamais explosé. Mise au secret, elle subit quotidiennement d’atroces tortures (coups, baignoire, gégène, bouteille enfoncée dans le vagin ...) pendant 33 jours dans les sinistres sous-sols du centre de tri d'El-Biar à Alger. Dans La question (Editions de minuit) le journaliste Henri Alleg avait dressé en 1958 le répertoire précis des sévices que lui-même avait subi avant de s'évader de la prison où il était détenu.
Gisèle Halimi, prévenue par ses proches de la détention extra judiciaire de Djamila, se rend à Alger. Elle parvient difficilement à la voir mais les autorités la contraignent à repartir en France. A Paris, avec l’appui de Simone de Beauvoir, un Comité de soutien à Djamila est constitué présidé par la compagne de Sartre. A la suite des révélations contenues dans l'article que Simone de Beauvoir publie dans Le Monde en juin 1960, un mouvement de protestation s’enclenche mené par des intellectuels français – de Jean Paul Sartre à François Mauriac, de Maurice Jeanson au Cardinal d’Alger, Monseigneur Duval. Cette mobilisation, outre qu’elle pose sur la place publique la question de la torture, permet de braquer les projecteurs sur le cas de Djamila, la protégeant ainsi du risque de "disparaitre" comme le fut Maurice Audin en 1958. On sait aujourd'hui qu'il a été étranglé par ses tortionnaires et jeté d’un avion à la mer (un procédé que le général Pinochet adoptera quelques années plus tard contre ses opposants au Chili.)
Françoise Giroud dans l’Express met la pression sur les autorités en informant ses lecteurs de la réalité des faits commis en Algérie. En même temps Simone Veil qui est à l’époque chargée des affaires pénitentiaires au ministère de la justice intervient auprès de son ministre de tutelle, Edmond Michelet, ancien Résistant. Bousculé par une partie de l'opinion publique, il consent à ce que Djamila Boupacha soit transférée dans une prison de la Métropole. Poussé par sa hiérarchie, le tribunal militaire d'Alger se dessaisit du dossier et le renvoie à Paris. Simone Veil, qui a connu la violence des camps nazis, parachève de la sorte l’action du Comité en mettant Djamila hors de portée des militaires de Massu. La jeune détenue est conduite d’abord à la prison de Fresnes en juillet 1960, puis dans celles de Pau et de Caen.
Djamila est graciée, sans avoir été jugée ni condamnée, par le Général de Gaulle à la veille du cessez-le-feu, le 19 mars 1962. Elle est libérée le 21 avril de la même année et bénéficie d’une ordonnance de non-lieu le 7 mai.

Au bruit médiatique produit par ces femmes tenaces il faut ajouter un soutien de poids, celui de Picasso, qui réalise le portrait de Djamila pour la couverture du livre de Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi publié en janvier 1962.
Un autre peintre, Roberto Matta, exécute dans la même période plusieurs tableaux autour de la guerre d’Algérie. L’un d’eux
, Le supplice de Djamila, une œuvre en noir et blanc comme Guernica, rend hommage à travers la jeune femme, à toutes les victimes de la barbarie humaine - celle d’hier et celle d’aujourd’hui.
L'avocate
Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi avec Delphine Seyrig le 11 octobre 1972

Gisèle Halimi avec Delphine Seyrig le 11 octobre 1972

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi et Christiane Taubira

Gisèle Halimi et Christiane Taubira

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Gisèle Halimi

Djamila Boupacha
Djamila Boupacha phtographiée dans sa prison par Gisèle Halimi, 1962

Djamila Boupacha phtographiée dans sa prison par Gisèle Halimi, 1962

La magistrate
Simone Veil

Simone Veil

Simone Veil

Simone Veil

Simone Veil a l'Assemblée Nationale

Simone Veil a l'Assemblée Nationale

Simone Veil

Simone Veil

Simone Veil

Simone Veil

Simone Veil et Jacques Chirac

Simone Veil et Jacques Chirac

Simone Veil et Jacques Chirac.

Simone Veil et Jacques Chirac.

La philosophe
Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir

Gisèle Halimi (1927-2020) Hier, aujourd'hui
Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre sur la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro, en 1960

Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre sur la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro, en 1960

Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir

Tag(s) : #Histoire et Société
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