Watteau, ce carnaval où bien des cœurs illustres,
Comme des papillons, errent en flamboyant,
Décors frais et légers éclairés par des lustres
Qui versent la folie à ce bal tournoyant
Les Phares, Charles Baudelaire
La quête du plaisir est l'une des marques du 18ème siècle. Les romans de cette époque attestent de cette liberté sexuelle qu’aucun préjugé moral ne semblait entraver. Objet de toutes les convoitises, convoitant elle-même, la femme est montrée sans fausse pudeur, dans l’élégance enjouée qui marque cette période. Watteau, Boucher et Fragonard ont exprimé avec tact les contours de cette galanterie toute française. Prenons Watteau comme guide.
Dans La toilette (1717-1718) le bonheur des sens est célébré avec joie. L’œil est invité à se délecter du nu voluptueux qui s’offre à lui dans le mouvement souple de cette femme qu’une domestique aide à se déshabiller. Le prétexte mythologique n’est plus invoqué ici. Watteau, l’homme et le peintre, affiche clairement sa complicité avec le modèle, dans cette chambre et ce lit qui l’accueillent. Nous assistons à un moment intime de la vie d’une jeune femme, un de ces engageants préparatifs que confirme, sans ambiguïté, le coquillage (Naissance de l'Amour?) surmonté d’un putto complice placé au-dessus d’elle.