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« La George Sand de l’Islam, un Loti enfin authentique, une Eberhardt qui aurait percé... Elle avait réussi ce à quoi tous s’essayaient en vain : ouvrir à la pensée métropolitaine notre empire, précipiter des djellabas et des robes à fleur dans les bras de la République... Elle a chanté tout ce que nous avons aimé et que nous avons quitté pour un ailleurs plus âpre et plus vaste. Elle seule était capable de jouer de l’illusion coloniale comme elle en a joué. Elle fut quelqu’un de merveilleusement suranné : elle incarna le mythe d’une Algérie heureuse et irremplaçable dans nos cœurs ».

Jules Roy

Le roman de la colonie
Le roman qui apparaît dans les années 1900 en Algérie inaugure une forme d’écriture qui s’oppose à la vision idéalisée véhiculée par les récits de voyage qui longtemps ont été le seul discours disponible sur ce qui était alors appelé l’Orient. Pour les écrvains, natifs ou nouvelles recrues de la colonie, l’Orient des romantiques n’existe pas. Il n’est qu’un fantasme né de l’esprit d’une « vieille Europe » en mal d’exotisme.
La littérature coloniale se développe en sacrifiant dans la plupart des cas l’écriture et le travail de la langue au contenu purement idéologique. Elle affiche sans complexes son souci d’être au service de l’idée coloniale et se targue, car produite par des enfants du pays, d’être plus authentique que celle des écrivains voyageurs. Si pour l’un de ses représentants majeurs, l’académicien Louis Bertrand, originaire du Nord de la France qui réalisera l’essentiel de son oeuvre en Algérie, ou pour d’autres comme Robert Randau, Ferdinand Duchêne ou Lucienne Favre consacreront la totalité de leurs écrits à chanter ce pays neuf, qu’un peuple neuf, à l’exclusion de tout autre, a décidé de construire.
Roman psychologique naïf au charme désuet qui tente sans prétentions de décrire la vie orientale pour répondre à l’attente des lecteurs en continuant une mode en vogue au XIXème siècle. Le roman qui s’écrit alors sur l’Algérie dépeint d’une façon superficielle la vie d’une société peu encline à se laisser saisir et qui sera observée dans ses aspects les plus folkloriques. L’emprise sur le pays politiquement avérée bafouille dès qu’il s’agit de parler d’hommes, de ceux qui furent les premiers à l’occuper. Le roman l’avoue quand il dit la difficulté qu’il y a à saisir les méandres de la pensée indigène jugée, selon les auteurs, mouvante, fantasque, arriérée, crédule, enfantine, équivoque, hypocrite, primaire, sauvage, mais toujours différente de celle que ce roman incarne. Ce premier écart, ou dissidence discursive, qui aurait pu être littérairement parlant productif, n’a engendré que des oeuvres de petite main.

L’autre grande constante dans ce type de roman tient dans ce qu’il soit récit de la ville ou chronique du douar, qu’il décrive la classe des seigneurs ou celle du peuple des démunis, une même logique et les mêmes sentiments sont montrés. Socialement disparates, ils réagissent pourtant d’une manière identique à l’endroit de la religion. La religion, qui est un code de conduite, induit toute action, toute réflexion. Elle uniformise les êtres.
Le destin (Mektoub), pour reprendre une notion familière au roman colonial, était qu’il ne survivrait pas au réveil des hommes qu’il décrivait si sommairement.
L’itinéraire que poursuit l’héroïne du roman qui s’écrit entre les deux guerres en Algérie ressemble au chemin de croix de l’amour. D’une situation initiale impossible à vivre, elle rompt le lien qui l’attache au mari ou au père. Le plus souvent d’origine paysanne, le plus souvent pauvre, toujours jeune et belle, elle cesse un jour d’accepter son sort et décide de fuir. La misère, sa condition de femme soumise, maltraitée l’amène à imaginer un scénario qui l’éloignera, définitivement, du lieu où son existence s’embourbe.
- Le corps de la femme : le visage (yeux, cheveux, bouches, lèvres, dents, front, menton), les bras, les mains, la gorge, les seins, les jambes, les chevilles, le pied.
- Pas de cuisses, de ventre, de reins.
- Le dos et les flancs esquissés.
- N’aimant pas, elle se sent captive.
- Le lieu : le bled misérable, étouffant sous le poids des traditions - qu’accentue le poids du système colonial.
- Le voyage : à pieds, sur le dos d’une bête (âne, mulet, cheval, chameau...), en machina, en tomobile.
- Le dénouement : la ville, les cafés, la rue, l’amour, la prostitution, l’alcool. La misère (retour à la situation initiale), la folie, la maladie, la vieillesse, la mort.L’arrière-fond politique assez tendu traversé de courants d’opinions divers, parfois évoqué ou montré, n’empêche pas l’auteur de décrire des marchés où abondent des fleurs et des fruits et la cohorte des meskines en haillons et pleins de poux, affamés et assoiffés qui viennent du sud. Ils menacent les villes qu’ils approchent de la peste ou du typhus. Chassés du coeur des cités, ils restent parqués à leurs portes où ils meurent de faim ou de maladie - par milliers.

Elissa Rhaïs  - Mythe et réalité : l’écriture comme sauvegarde
Elissa Rhaïs, de son vrai nom Rosine Boumendil est née à Blida le 12 décembre 1876. Ses parents, de confession juive, tenaient une petite boulangerie dans cette ville près d’Alger. Selon la légende, elle aurait eu comme grand mère du côté maternel une “fameuse conteuse musulmane”.
La famille Boumendil, installée de longue date en Algérie, est originaire de l’Andalousie. La jeune Rosine va à l’école jusqu’à l’âge de 12 ans. Puis elle est placée à Alger comme domestique dans
une famille juive aisée.
Elle se marie à deux reprises, a trois enfants dont Roland, une figure d’Alger où il demeurera jusqu’à sa mort survenue en 1987, et adopte un neveu par alliance, Raoul-Robert Tabet dont le fils, Paul, sera à l’origine du fameux scandale de 1982.
Elissa Rhaïs se fait connaître d’abord en tant que conteuse. Etonnante manieuse du Verbe, du mot, de la parole qu’elle met en scène avec ce talent inné qui fait sa singularité, elle charme un auditoire qui se presse chez elle pour de longues et savoureuses séances/spectacles.
De part son origine sociale, Elissa Rhaïs est plus proche du bas de la société que de son sommet. Elle est à l’écoute du petit monde musulman dont elle connaît la langue et les croyances liées à la mythologie rêveuse des peuples conquis. Elle puisera innombrablement dans les souvenirs de ces rencontres pour construire l’intrigue de ses romans.
Elle se met à consigner dans de petits cahiers ces histoires qui, revues et corrigées par son entourage, sont proposées à l’éditeur Plon qui les édite. Et lui trouve un pseudonyme : Elissa Rhaïs, et une origine romanesque : la transfuge d’un conte des Mille et une nuits. Les éditions Plon la présentent, en effet, comme une “petite orientale” échappée d’un harem et qui témoigne, en langue française, de la condition faite aux femmes en pays d’Islam. Elle joue à la perfection son rôle d’indigène exotique et excentrique dont l’actualité parisienne avait à ce moment besoin. Elle dit son « ardent désir de conter en langue française (s)on pays. »
Elle est recommandée par Louis Bertrand. Elle produit régulièrement jusqu’en 1930. La presse rend compte de ses romans. Elle occupe assez largement le devant de la scène littéraire. Elissa Rhaïs devient auteur à succès. Elle fréquente le Tout Paris Littéraire, rencontre Cocteau, Colette ...
De 1919 à 1930 elle publie neuf romans et trois recueils de contes ou nouvelles. Elle bénéficie de l’engouement porté par les lecteurs au roman de Pierre Benoît L’Atlantide qui paraît en 1919.
Elissa Rhaïs procède dans ses textes à une sorte de description ethnographique. Elle décrit avec une réelle empathie la société algérienne dont elle est issue.
Elle émaille ses récits d’expression traduites littéralement de l’arabe en français ce qui produit parfois un effet cocasse. Les dénouements de ses récits sont aussi schématiques que les intrigues dont ils sont le prétexte. Romans des impossibles, romans de l’échec, l’univers  dépeint par Elissa Rhaïs semble soumis inéluctablement à la tragédie. Par exemple, la prostitution est toujours favorisée par un concours de circonstances qui échappe à la volonté des protagonistes. Ainsi la prostituée ne peut jamais se racheter.
L’auteur rend compte dans son oeuvre de la situation coloniale et des antagonismes d’intérêts qui se transforment en antagonismes de race  Elle note le mépris ou l’indifférence des Européens à l’égard des indigènes et souligne leur mise à l’écart de l’évolution de la société et dit enfin comment ils sont cantonnés dans leur fonction d’êtres sans envergure, moisissant dans leur crasse comme dans La Convertie.
La communauté juive est elle aussi décrite : soit dans un aspect sur -valorisé soit dans les travers qu’il était de mode de leur reprocher à cette époque.
Elissa Rhaïs n’est pas un auteur algérianiste mais une voix singulière, originale dans les limites de son talent inégal. Elle s’intéresse aux sens, à la passion pointue et fatale qui s’emparent des êtres à l’écoute de leurs seuls désirs. Conteuse, Elissa Rhaïs ne se soucie pas du vraisemblable : la finalité de son art c’est le rêve que l’imagination fait naître. Sa thématique est assez constante : amours frustrées, désirs et rêves qui tournent court, l’adultère, passions orageuses, vengeances et meurtres, amours impossibles des unions mixtes.
Mais on sait que la romancière tire de la réalité qu’elle connaît la matière de son écriture.
C’est ce qui la rend aujourd’hui digne d’être lue : ses romans insistent sur les mensonges, les trahisons et les lâchetés que l’on retrouve chez l’homme de tout temps et de tout lieu. Et si elle encourage la colonisation, elle décrit malgré elle les drames que par sa faute elle commet.
Les personnages rhaïssiens se déplacent beaucoup (Algérie, Maroc).
Les milieux arabes décrits sont ceux des grands féodaux et des chefs de grandes tentes ainsi que leurs harems, des fonctionnaires mais aussi celui des milieux pauvres des fameux meskines.
Il convient de rappeler qu’en cette extrême fin du XIXème siècle et au début du XXème, l’antisémitisme s’est considérablement accru depuis l’application du décret Crémieux (1870) qui accorde la nationalité française aux Juifs d’Algérie. Cet antisémitisme est attisé chez les Arabes  - sujets et non citoyens - par les activistes Européens.

Il court cependant tout au long du texte une sensualité que l’auteur, à l’aide d’un schéma narratif simple dont seules les variations changent, décline dans les intrigues qu’elle propose où toujours agit le désir contrarié d’une femme. La femme amoureuse au corps souple, musclé ou doux, doré, grand, élégant, érotique, avec ses yeux d’invite et sa démarche de houle. Cette femme aime la musique et les chants d’orient qui perdent les âmes en parlant aux sens - celle de la flûte surtout qui s’enroule et caresse celui qui l’entend. Ajoutons les fleurs, les parfums, la nuit, ses étoiles et la lune, les montagnes, le murmure de l’eau et celui du vent, l’appel des bêtes qui concourent à l’exacerbation des passions. Ce qu’écrit Rachilde de la constantinoise Maximilienne Heller à propos de son roman La Détresse des Revanches (1919), s’applique parfaitement aux oeuvres de Elissa Rhaïs qui ne s’encombrent guère de rhétorique de l’allusion. Voyons ce qu’elle dit : “Un livre d’amour, un livre écrit vraiment par une femme qui ne complique pas l’animalité de l’amour par de savantes élucubrations psychologiques, mais s’efforce d’en tirer une naturelle logique dont la fatalité vengeresse vaut bien la plus sévère morale”.
Le roman d’Elissa Rhaïs dans certaines de ses descriptions offre apparemment l’image d’une sorte de paradis où vivent, dans l’harmonie, des êtres sans problèmes : maisonnettes, voiles multicolores, aisance, équilibre. Mais il ne s’agit que d’apparence; le drame couve ainsi que l’explique La Fille des pachas. Roman des sortilèges où la magie opère : croyances, superstitions; le monde invisible des fées et des démons existe là, car invoqué à chaque fois. Il explique l’inexplicable.Les jeunes vierges belles, dans les familles nobles, demeurent invisibles : tout un rituel fait de pudeur, de résignation acceptée les dissimule au regard de l’étranger. Dès l’enfance, nous dit Elissa Rhaïs, l’esprit est formé par un système éducatif tel, qu’il conditionne plus tard, dans la vie adulte, les réflexes de soumission en transformant l’individu en “esclave des convenances ” - Le Café chantant. Eugène Fromentin évoque dans ses récits algériens cette particularité des sociétés soumises et qui se ferment sur elles-mêmes pour survivre.
Servantes, esclaves, gardiens, parents et les hauts murs épais s’interposent entre cette jeune nubile et les dangers de l’extérieur.

Elissa Rhaïs fait l’apologie, sans trop y croire, du bonheur conjugal et de la puissance de l’amour qui naît du mariage trouvant sa raison d’être dans les caresses légitimes. Elle l’oppose à l’amour hors mariage qui ne laisse après lui qu’amertume, un des thèmes du Café Chantant. Pourtant à chaque fois survient une faille d’où le drame naîtra. Dans ce monde séparé, la parole des yeux est le prélude du discours amoureux. Convoitise, regret, nostalgie, les
chants d’amour éveillent chez les femmes et les hommes le souvenir de l’autre, inaccessible - mort ou en allé vers d’autres bras. On rend compte dans ces romans des lieux où l’air frissonne de tous les désirs.
On le comprendra cet univers clos se croit épargné des remous de la vie extérieure. Pourtant à la lisière des intrigues surgissent souvent des indications d’ordre politique ou économique : les épidémies, les disettes, l’affaire Marguerite, les troubles anti-juifs, la guerre de 14-18, les campagnes de Tunisie et du Maroc.
Des rapports sont commandés par l’autorité coloniale sur l’activité des caïds et des marabouts corrompus, sur ceux qui sont fidèles et probes et enfin sur ceux qu’il faut se gagner grâce aux honneurs et au respect. 

Lectures

Saâda la Marocaine, 1919.
De Fès, au Maroc, arrivent à Blida après douze jours d’un pénible voyage, Saâda et sa famille dans un neigeux et froid mois de janvier 1915. Il y a  sa mère, Fréha, un peu sorcière; Sadik, son frère âgé de 12-13 ans, gras et rose; son mari Messaoud borgne, boiteux, laid pour lequel elle éprouve « une haine exaspérée », - alors intègre comme un marabout - et enfin sa petite fille, Aouïcha, qu’elle allaite encore. La misère et la guerre contraignent le groupe à venir en Algérie « le pays où il y a beaucoup de Roumis » et où, leur a-t-on dit, la vie est moins pénible. A Blida « si peu accueillante aux étrangers », description du logement où ils vont dorénavant habiter : une longue pièce chaulée, aveugle, humide et au loyer excessivement cher. Fréha remarque les poutres et se met à les compter superstitieusement. Travail difficile à trouver. D’autres déracinés, Maltais, Espagnols, Italiens encombrent le marché de l’emploi. Dans la ville inhospitalière, hostile aux marocains, l’hiver et l’économie de guerre mènent la population au bord de la famine.
Saâda, vingt ans, est une jeune femme au corps splendidement voluptueux orné de deux seins ronds, au visage pâli avec de lourds cheveux noirs torsadés et d’immenses yeux noirs « comme voilés de rêves ». « Ils l’appelaient Nedjma tant ils la trouvaient belle »
Elle décide de contrer le sort qui les frappe et de ne plus se satisfaire “du tombeau où elle étouffe.” Elle comprend que les dictons, proverbes, prophéties ne sont inventées que pour les pauvres, afin de tromper leur misère. Son mari, veule, contrefait et plus âgé qu’elle, n’y peut rien. Elle erre dans la ville, la visite et passe de rue en rue jusqu’au marché, situé après Bécourt, le quartier des prostituées.
Un jour, elle rencontre un marchand arabe qui ne la laisse pas indifférente. Il est jeune.
Saâda a une conscience animale de son corps. Elle est naturellement impudique et ne se soucie pas de se montrer « dans sa nudité presque entière. ». Elle se donne à lui presque en toute innocence, sans remords. Il lui donne quelques denrées qu’elle rapporte chez elle. Elle ne se rend compte que plus tard de l’attrait qu’elle exerce sur les hommes. Elle comprend presque en même temps le profit qu’elle peut en tirer. Elle se prostitue sans marchander, quotidiennement. Elle « goûtait à s’avilir une jouissance âcre, comme une ivresse de vengeance. Elle faisait son métier ... et paraissait le trouver tout naturel, comme si elle l’eut pratiqué depuis la puberté. »
Elle se renseigne sur les cafés, ces Quouat ez Zahou, qui organisent des n’bita (soirées de gala où l’on chante et danse) et où, pense-t-elle, son charme opérera. Elle quitte le foyer conjugal pour aller toutes les nuits chanter, tout en continuant à se prostituer. Elle utilise leur unique chambre pour recevoir ses clients et fait de son activité un métier au su et au vu de son mari, de sa mère et de son jeune frère. Les conditions matérielles de la famille s’améliorent. Mais sa cohésion basée sur le respect de la tradition a volé en éclats.
Le mari, Messaoud, passe ses nuits à boire dans les assommoirs de Blidah. Il devient un « ivrogne avéré ». Sadik, son jeune frère, rejoint une bande de voleurs.
Elle est introduite, déguisée en homme, dans une mehchachat où elle s’initie facilement au chant algérois, aidée en cela par les drogues qui s’y consomment, (kif, haschisch, madjouna - pâte opiacée -) et, pour accentuer l’ivresse des sens, l’action des parfums épicés, des costumes resplendissants. Sa beauté animale et son caractère lui permettent de se faire accepter par ces cercles fermés où elle espère un jour travailler pour sortir de l’engrenage sordide où elle s’est laissée prendre. Quelques jours avant la mort de sa mère, elle accédera enfin au statut « prestigieux d’artiste orientale » au café Beggar.
Son jeune frère arrêté sera condamné au pénitentiaire et son mari après avoir violé une petite Espagnole dans une crise de délerium tremens terminera ses jours au bagne.
Saâda se retrouve libre mais seule.
Autres romans
Le café-chantant, (1920). Recueil de trois nouvelles. 103 pages.
De lignée ancienne et vertueuse, Sid El Halai se retrouve un soir au café-chantant de Si Beggar. Il y est entré attiré par le son de la voix d’une chanteuse, Halima. Il y pénètre avec le sentiment coupable de goûter à n fruit défendu, lui le Musulman noble, le soldat vaillant et le mari respectueux.
Histoire de Halima qui vient de Laghouat, à pieds. Elle a fui un mari violent pour se réfugier à Blida. Belle au corps parfait et à la voix incomparable, elle n’a aimé qu’un homme : le fils de Sid El Halaoui, mort en France, pour la France, “Cette mère bien aimée”. Et cet homme lui a laissé un talisman qu’elle voudrait aujourd’hui rendre à la famille. Car elle ne se sent plus digne de le garder, elle la courtisane, la femme à hommes. Geste noble de la part d’une telle femme, apprécié par le Caïd, qui ne la condamne pas. (Voir page 53 “La belle Fathma” et comparer avec les cartes postales coloniales du même nom. Et pages 213-233, la vision idéale des fastes de l’Orient.)

Kerkeb, 44 pages.
Fable amoureuse. Au Maroc, à Fès, dans un harem, Kerkeb la préférée, la plus belle, faillit à sa promesse de ne pas danser le Djedb. Son maître la surprend et la condamne à mort. Kerkeb réussit à échapper à la sentence avec l’aide de l’esclave qui devait l’exécuter. Le maître la croyant morte sombre dans l’ennui, le deuil et le remords. Un jour elle revient. Le maître trop heureux lui pardonne et affranchit l’esclave.

Noblesse arabe, 132 pages.
Aïcha 15 ans, dédaignée par les filles de son âge, se retrouve seule à la fontaine. Ce soir là, Diden le fils des ennemis de son clan, revient après quatre ans d’absence. Il la persuade qu’il l’aime toujours. Elle a quinze ans. Elle se laisse convaincre.
Il avait aimé en elle le caractère libre, ses répliques incisives, son allure de bédouine sauvage, lui le fils de notable. Leur relation dure un certain temps, mais un soir Diden ne vient pas au rendez-vous habituel.
Aïcha souffre et une rage animale la tenaille. Son corps a besoin des caresses de son amant. Mais celui ci reste invisible. Ses parents l’ont marié et sa nouvelle femme, très belle fille de marabouts, le séduit. Elle a quarorze ans. Après les affres de la jalousie, Aïcha dépérit. Elle aperçoit un jour Diden coquettement mis “la chéchia légèrement inclinée sur l’oreille gauche”. Elle décide de se venger de son amant volage en tuant sa rivale, la nouvelle compagne qu’il semble adorer. Celle-ci, grande par son âme, comprend la détresse de la maîtresse délaissée et lui jure que réparation sera faite. Elle convainc son mari à prendre Aïcha comme seconde épouse.

Elissa Rhaïs
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Tag(s) : #Littérature et Francophonie
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