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La Miniature turque, XVIII ème siècle

Symboles
L’aigle et le chien: la noblesse
Le renard : la ruse et la malice
Le chat : l’ingratitude
Le chien : la bêtise
Le coq : la générosité et la beauté
La sauterelle : la solitude
La rose et le rossignol : l’amour réalisé « la robe rouge de la rose s’est déchirée au chant du rossignol. »
Le jardin : un avant goût du paradis.

Il faut d’abord savoir que l’art de la miniature est un art importé d’Asie : de l’Inde bouddhiste et de la Perse islamisée. La conquête de Constantinople en 1453 développe la pratique de cet art dans la capitale de l’Empire ottoman désormais appelée Istanbul. L’âge d’or de l’art ottoman s’inscrit sous le double règne de Souleyman le Magnifique (1520-1566) et son successeur Murat III (1574-1595). S’ensuit une période de rigorisme et de puritanisme religieux qui gèle l’art et le place en second dans les préoccupations des sultans, plus conquérants qu’esthètes.
Au XVIIIème siècle la miniature se saisit de thèmes liés à la vie politique, sociale et culturelle de l’empire. Elle se veut narrative, illustrative du temps, de l’époque qu’elle raconte. Très fortement influencée par  l’Iran à ses débuts, la miniature ottomane s’émancipe au fil du temps, inventant de nouvelles manières de faire en améliorant et enrichissant sa pratique.
L’art du portrait par exemple et devient l’un des genres dans lequel ces peintres excellent. La dynastie des Sultans ottomans a été ainsi représentée par les artistes dès le XVIème siècle.

Abducelli Celebi Levnî.
Né en 1680 à Edirne, la seconde capitale de l’Empire, il meurt en 1732 à Istanbul.
C’est un poète et un peintre : il introduit dans sa technique certains éléments de l’art de la miniature occidental. L’influence européenne est visible dans son travail tant dans la technique que dans l’inspiration. Levnî peint des scènes variées où la joie de vivre  n’est pas dissimulée. Il choisit souvent dans ses représentations des points de vue différents procurant à ses œuvres une vivacité inhabituelle dans la peinture. Il introduit dans ses œuvres de très petites dimensions la perspective telle que pratiquée par la peinture italienne.
La femme tient une place importante dans ses tableaux : elle est représentée en tant qu’épouse et mère respectée ou d’amante aimée. Elle est aussi musicienne, elle chante et danse pour le plaisir de la cour.

On la voit également gracieusement endormie ou rêvant. Elle peut être provocante ou lascive jouant avec des fleurs qui toutes, on le sait, disent quelque chose dans leur secret langage. La nature est également célébrée, mais une nature domestiquée, fleurie, gazonnée où l’on se rend en famille pour y pique niquer comme aux Eaux Douces. Enfin il n’est pas rare de voir représentés des couples qu’un tendre amour unit. La peinture vient ici compléter le rôle de la poésie quand elle rend hommage à la femme désirée.
Cet hymne à la féminité est nouveau dans la représentation picturale turque et marque à l’endroit des femmes une évolution positive dans une société foncièrement traditionnelle.
Il faut enfin signaler la présence, dans certains tableaux à dominante masculine, de pages qui sont de beaux jeunes gens désignés au service de certains princes et qui rappellent indubitablement les mignons du roi de France, Henri III.
La miniature de cette époque aborde d’autres thèmes, moins liés au sentiment amoureux. Ainsi des métiers sont représentés comme la corporation des boulangers, des cuisiniers, des jardiniers ou des bateliers. Et des types figurant les nations de l’immense empire ottoman, sachant que ces nations étaient libres de conserver leurs religions, les Turcs étant peu prosélytes.
L’époque où s’épanouit ce nouvel art de vivre empreint d’insouciance et de légèreté (la fameuse Ere des Tulipes - Lâle Devi - 1718-1730) correspond en effet à une volonté d’ouverture de l’Empire vers l’Europe de l’ouest, la France et l’Angleterre notamment (d’où les tensions qui caractérisent les relations entre les représentants diplomatiques de ces deux puissances.)
Levnî exerce une influence considérable sur l’art de la miniature en Turquie. Il laisse une œuvre importante regroupée dans des albums et des manuscrits qu’il illustre comme le Surname-e Vehdi qui décrit en 137 tableaux les fêtes organisées en 1720 par l’Empire à l’occasion de la circoncision des quatre fils du Sultan  Ahmet III
L’expression Surname-e Vehdi doit être expliquée. Vehdi était un poète de la génération de Levnî, vivant comme lui à Istanbul. Il écrivait des poèmes en prose nommés Surname. Cette écriture particulière, de circonstance pourrait-on dire, était destinée à rendre compte d’une fête, d’un événement heureux. En l’occurrence Vehbi, dans son Surname, décrivait les fastueuses cérémonies organisées pour célébrer le baptême des enfants du Sultan et Levnî s’était chargé d’illustrer le texte.
En 1727, c’est à dire quelques années après le début de l’ouverture, le travail du miniaturiste est présenté au Sultan, personnage éclairé et initiateur de cette période de grande production artistique.
Tous les arts connaissent un développement remarquable : la musique, la calligraphie, l’architecture, la faïence turque, la tapisserie - et la passion des fleurs, la tulipe surtout, qui touche aussi bien le Sultan que le plus humble des artisans d'Istanbul.
Un historien d’origine moldave, Démetrius Cantemir (1673-1723) présent à Istanbul de 1701 à 1710 puis à Londres jusqu’à sa mort, parle de Levnî comme d’un artiste reconnu à la cour d’Istanbul et méritant amplement le titre de peintre impérial. Cantemir, lui-même musicien, compositeur, géographe, philosophe et peintre, se servira de certaines œuvres de Levnï pour graver les 22 portraits de Sultans qui ornent son Histoire de l’Empire ottoman publiée à Londres en 1734. L’ouvrage paraîtra à Paris dix ans plus tard.
A partir de la seconde partie du XVIIIème siècle la peinture ottomane, et donc la miniature, se tourne résolument vers l’occident et adopte ses critères. Abdullah Bukhari notamment peindra des scènes de nu, femmes faisant leurs toilettes par exemple, ou sciemment érotique montrant des couples dans des postures très explicites.

 

Galerie
La Miniature turque, XVIII ème siècle
La Miniature turque, XVIII ème siècle
La Miniature turque, XVIII ème siècle
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Tag(s) : #Peinture
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