Pour une poétique de l’art Guermazien
Trois scènes, au sens théâtral du terme, occupent un même espace sur la toile. La scène principale se déroule dans une salle avec un personnage de grande femme mince en robe légère adossée à un mur gris face à deux compagnes assises au pas d'une porte ouverte. Elles aussi portent un vêtement clair nuancé de bleu mat. On pense, à les voir, au silence des jours d’ennui. Au silence blanc des femmes en attente.
L’ensemble baigne dans une lumière gris-bleu qu’égaye une chaise d'un bleu pur (Ionesco. On sait Guermaz amateur de théâtre) qui se décline en intensités diverses sur les multiples objets ou recoins de la pièce.
Dans la partie gauche du tableau s’étagent quatre plans plus sombres formant perspective ouvrant sur un paysage désert. La panoplie chromatique de l’artiste apparait sous forme de bandes bleu tourmenté, noire, gris, blanc maculé, masse tombée des bruns. Ici la bande noire, peinte d’un trait net, recouvre ce monde reculé que seule l’ombre de deux arbres sombres habite.
Au centre du tableau une sorte de porte fenêtre coupe sur toute sa hauteur la haute pièce - frontière ou pont - et nous renseigne sans discours sur l’intention du peintre qui a souvent opposé le bleu éthéré de la méditation au poids concret des choses de ce monde.
Guermaz - Sans titre, hsb 42x51cm, 1990 JPG