En rappel de l’exposition Araki au Musée Guimet (13 avril-5 septembre 2016) qui retrace 50 ans du travail de l’artiste avec plus de 400 photos exposées.
Né en 1940 à Tokyo, Nobuyoshi Araki a vécu, enfant, l’effroyable destruction par l’aviation américaine de Hiroshima et Nagasaki. Ces villes et ces vies pétrifiées par l’explosion des bombes ont nourri, nourrissent encore, son rejet de toute Morale dont il sait qu’elle n’est qu’un vaste leurre normatif.
Après avoir suivi des études en photographie et en cinéma et travaillé dans une agence de pub Araki s’impose, à partir des années 1970, sur la scène photographique internationale par ses nus féminins soumis à ses fantasmes érotiques et exhibitionnistes empreints, pourquoi ne pas dire, d'une certaine poésie et de sensualité. "La beauté du mal" disaient les Romantiques suivis par les surréalistes redécouvrant la modernité du marquis de Sade.
Adepte d’un art provocateur, iconoclaste et violent, Araki ses séries de kinbaku (pratique traditionnelle du bondage qui consiste au Japon à attacher une personne avec une corde) et son obsession du sexe, de l’amour et de la mort font du photographe l’artiste le plus controversé, le plus censuré et le plus apprécié du monde de la photo japonaise.
Ses modèles avec lesquelles il entretient des relations intimes sont recrutées dans les bars, dans le monde fermé des Geishas, dans les boites à strip-tease ou les bordels de Tokyo, sa ville/Muse « qui ne dort jamais. » Irrévérencieux et décomplexé, Araki se moque des images véhiculées par les magazines de mode en fustigeant ce qu’ils ont de trompeur et de pernicieux.
Dans son immense studio, entouré de ses assistants et parfois d’invités il met en scène le spectacle le plus trivial ou le plus cruel qu’il fixe avec rapidité, sans temps de pose, dépensant une énergie et une inventivité jamais en défaut.
La femme de Araki, celle qu’on attache, qu’on pend ou suspend, celle que l’on brusque et brutalise par plaisir incarne la métaphore implacable de ce monde gouverné par la marchandisation de son corps. Pour lui le langage visuel qui parle le mieux de ce monde-là est le langage cru et clair de la pornographie.
Auteur de plus de 500 ouvrages dont certains ne sont diffusés qu’à quelques centaines d’exemplaires
Voir aussi Araki, La nudité désespérée sur ce blog