Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Amedeo Modigliani - Femme d’Alger, janvier ou février 1917

Amedeo Modigliani - Femme d’Alger, janvier ou février 1917

Lorsque Modigliani est quitté en juin 1916 par sa tumultueuse compagne, la journaliste et riche héritière anglaise Béatrice Hastings, il se retrouve subitement sans ressources et surtout sans protection. Son addiction à l’alcool et à la cocaïne favorisée par ses amis Soutine et Utrillo l’éloigne de ses acheteurs et bloque son besoin de peindre jusqu’au moment où il rencontre une femme qui lui permet de renouer avec son chevalet. Une relation apaisée mais sans lendemain se noue entre eux.
Modigliani peint le portrait de sa nouvelle muse, une danseuse originaire d’Alger connue sous le nom d’Almeïsa, nom d’emprunt qui signifierait en arabe « celle qui se dandine » et que le peintre inscrit sur cette première toile. Pendant leur courte histoire d’amour Modi réalise deux autres tableaux d’elle où, dans l’un d’eux, elle est représentée nue. Le Nu au sofa où l’on peut facilement l’identifier est traité comme une scène exécutée de mémoire. Ce nu allongé à l’attitude provocante annonce manifestement la série des grands nus que la police interdira en 1917. Ce sont les seules fois où Almeïsa pose pour un peintre car elle n’apparait dans aucune autre production picturale de cette époque.
La danseuse amoureuse disparait de l’univers modiglianien lorsque Jeanne Hébuterne, une étudiante en Art de 18 ans qui pose pour Foujita, entre dans la vie du peintre au printemps 1917. La Femme d’Alger, réalisée au début de l’année 1917, nous montre une femme coiffée court et habillée à l’occidentale, offrant l’image inversée des femmes traditionnellement représentées dans la peinture orientaliste. Le visage brun de la jeune femme épouse la manière des figures africanisées dont le peintre a fait depuis peu sa marque : tête allongée, long cou, yeux
dissymétriques, bouche pulpeuse, long nez fin (légèrement épaté dans cette œuvre) - l’ensemble reposant sur le large col blanc de son chemisier ouvert qui ôte toute idée d’altérité.
Femme d’Alger intrigue par sa présence dans l’œuvre du peintre parce qu’elle n’est pas attendue, elle diffère, à quelques exceptions près (Ayesha, 1919), des modèles que Modigliani avait coutume de peindre. Mais cette remarque, je le sens, traduit un préjugé anachronique, elle n’est pas de mise ici parce qu’il s’agit de Modigliani, un peintre Italien exilé d’origine juive qui peint une femme comme lui déracinée dans le Montparnasse accueillant et joyeusement cosmopolite des Années folles.


A propos de Nu au sofa cet extrait d’une (auto)biographie imaginaire de Béatrice Hastings :
« Elle est étendue lascivement sur un sofa. Je m’approche d’elle et caresse sa cuisse du bout des doigts. Une onde sensuelle me parcourt. Je contourne lentement la courbe ovale des hanches, le creux très marqué de la taille. Je remonte vers la poitrine, les épaules, le cou. Sa tête s’appuie sur sa main. Je caresse sa bouche pulpeuse. Ses yeux noirs en forme d’amande me regardent étrangement.
Elle ressemblait à un jeune animal pervers… »

ALMAÏSA, LA FEMME D'ALGER
Amedeo Modigliani - Almaïsa, après juin 1916

Amedeo Modigliani - Almaïsa, après juin 1916

Amedeo Modigliani - Almaïsa (détail avec l'inscription AlmaÏsa en haut à droite), après juin 1916

Amedeo Modigliani - Almaïsa (détail avec l'inscription AlmaÏsa en haut à droite), après juin 1916

Amedeo Modigliani - Almaïsa ou Nu au sofa, après juin 1916

Amedeo Modigliani - Almaïsa ou Nu au sofa, après juin 1916

Amedeo Modigliani - Femme d’Alger, janvier ou février 1917

Amedeo Modigliani - Femme d’Alger, janvier ou février 1917

Tag(s) : #Peinture
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :